Nous avons pris le mur en pleine face

Photo : Kristen Bruley - CC0 1.0

Photo : Kristen Bruley – CC0 1.0

 

Depuis quelques années, nous pensons qu’il faut freiner pour éviter de se prendre le mur… en fait, le mur, nous l’avons pris, ça n’a pas fait de bruit, mais petit à petit tout s’écroule.

Aujourd’hui, ralentir ne suffit plus : Il faut changer de direction et reconstruire.
L’idée peut paraître angoissante pour certains, passionnante pour d’autres.
Tout n’est qu’une question de point de vue et de résilience.

Souvent, nous attendons LE choc pendant que d’autres attendent LE grand soir. Mais comme la grenouille qui ne sent pas l’eau se réchauffer et qui cuit à petit feu, les changements se font de façon progressive.

Du coup, ce mur que nous redoutons, ce virage qu’il faudrait prendre, ce ralentissement nécessaire se diluent dans le quotidien.

Et pourtant…

Pourtant de nombreux signaux sont au rouge vif : extinction massive des espèces, inégalités des richesses démesurée, ventes d’armes en plein essor, pollution record

Prendre conscience que nous avons déjà heurté le mur nous permet de passer d’un état semi-passif « qu’est-ce qui va se passer ensuite ? » à un état actif « réparons, reconstruisons, inventons ! »

La très bonne nouvelle est qu’il existe de nombreuses pistes pour reconstruire ! Le film Demain nous en donne quelques-unes, et si vous cherchez un peu ici ou , vous en trouverez plein d’autres !

A chacun de nous de choisir où nous souhaitons placer notre énergie.

Il se passe quelque chose…

place-bouffay-nantes-36mars

Il se passe quelque chose. Je ne sais pas où cela nous mènera mais un élan a été lancé et ce mouvement de convergence des luttes et des actions pourrait bien nous surprendre. Retour sur ma soirée du 36 mars (5 avril) à Nantes…

Le mouvement #nuitdebout s’est mis en place alors que j’étais déconnecté de mon ordinateur, de la radio et des journaux (c’est souvent le cas lorsque je suis en salon).

Du coup, le 5 avril je poste le mot suivant et quelques amis me conseillent un peu de lecture :

questions-nuitdebout

Ce que je lis ici, ou me donne envie d’en savoir plus, le soir même nous allons avec ma douce et tendre faire un petit tour à Nantes, place du Bouffay.

En arrivant, nous avons la bonne surprise d’y retrouver de chers amis : dommage de ne pas avoir pris le temps d’en discuter avant, nous aurions covoituré !

Nous constatons de suite une ambiance à la fois festive mais également très studieuse : il y a plusieurs cercles de parole et tout autour des personnes vont et viennent. Cette organisation n’est pas sans rappeler les forums ouverts (que les Colibris ont contribué à populariser en France entre 2009 et 2011). Au dessus de nous, un hélicoptère tourne autour de la place.

twitt-nuitdebout

Les personnes présentes sont plutôt jeunes (20-25 ans) mais nous sommes quelques quadra et quinqua à faire nos curieux, à participer à quelques discussions.

Je m’assois pour participer à une discussion sur le travail – c’est le paradoxe : tout le monde parle de #nuitdebout mais dans la réalité c’est plutôt #soirassisenrond – une grande feuille au centre du cercle, deux personnes qui prennent des notes, une personne qui distribue la parole : les échanges vont bon train et petit à petit la feuille du centre se remplit d’idées et de propositions.

Tout à coup, des cris, on perçoit de la tension dans l’air et tout va soudainement très vite : chacun se lève, nous reculons et comprenons que les CRS chargent sur la place.

Incompréhension autour de moi. J’hésite à quitter la place, on aperçoit des fumigènes et je vois des personnes qui reviennent vers nous en disant « j’ai été gazé ».

La tension est palpable, mon coeur s’est légèrement emballé et je me sens mal à l’aise dans cette ambiance qui tranche avec celle de dialogue et de calme présente quelques minutes plus tôt.

Pourquoi chercher à vider la place ? Pourquoi créer de la tension ? Comment réagir face à cette violence ?

A notre surprise, le calme revient doucement et au bout d’une dizaine de minutes quelques cercles se reposent sur la place, mais il y eu cassure, il faut recréer l’ambiance, rappeler pourquoi nous sommes là. Un rapide coup d’œil périphérique me permet de constater qu’environ un tiers des participants ne sont plus là. Mine de rien, la peur d’une évacuation totale de la place reste présente.

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Et puis les discussions reprennent, l’ensemble des commissions se remettent au travail et les CRS disparaissent de notre vue.

Certains disent qu’ils n’étaient là que pour dégager la voie de tram, d’autres que c’était une manière de dire à d’éventuels casseurs « on vous surveille » et nous sommes plusieurs à penser que derrière cette charge se trouvent ceux qui préfèreraient qu’un tel mouvement spontané et non cadré ne prenne pas trop d’ampleur.

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Alors que tombe la nuit, l’ambiance change sur la place : l’alcool et les roulées qui font rigoler font leur effet.

Mais j’ai l’impression que celles et ceux qui participent à l’AG et aux commissions en cours veillent à rester sobre.

C’est un peu comme s’il co-existait deux mondes sur cette place, deux mondes qui pourraient symboliser nos propres incohérences.

La beauté est de constater que ces deux mondes peuvent vivre ensemble : ceux qui n’étaient ce soir pas d’humeur à refaire le monde, n’empêchent pas non plus la discussion.

Et si c’était ça l’avenir : réussir à co-exister en nous réjouissant de nos différences ?

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Pour continuer à suivre le mouvement #nuitdebout à Nantes :
#Nuitdebouffay et @NuitDebout44

Dans les medias  : Ouest-FranceFrance Info