Sommes-nous en état de voir les solutions existantes ?

SplitShire, by Daniel Nanescu

SplitShire, by Daniel Nanescu

 

De nombreuses solutions existent, mais sommes-nous en état de les saisir ?

Depuis quelques temps, autour de moi, je sens poindre en parallèle une belle espérance et une profonde fatigue, proche de l’épuisement.

De par mon métier, j’ai la chance de sillonner un peu la France, de rencontrer et d’échanger avec de nombreuses personnes qui, depuis plusieurs années, portent des projets porteurs de solutions, cohérents économiquement, respectueux des écosystèmes et humainement enrichissants.

De tels projets, vous en trouvez à foison : dans des livres tels que Ils l’ont fait et ça marche, Ils changent le monde ou chez des éditeurs tels que Rue de L’Echiquier, Yves Michel, ou dans la collection Domaine du possible chez Actes Sud, des films comme Demain, Solutions locales pour un désordre global, En quête de sens ou des sites comme On passe à l’acte ou Ecoloinfo (liste très partielle).

Côté magazines, Kaizen, We Demain, L’âge de faire, Feminin Bio, Alternatives Eco (actuellement à la recherche de financements) ou Terra Eco (actuellement à la recherche d’un partenaire) sont également – chacun dans leur registre – d’excellentes sources d’information et d’inspiration.

Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons eu accès à autant de savoirs, de compétences techniques et de facilités à transmettre savoir-faire et connaissances.

Il y a encore 10 ans, nous pouvions encore nous dire « Où sont les solutions ? ». Aujourd’hui, celui ou celle qui pense ça ne regarde simplement pas au bon endroit.

Aujourd’hui, la question devient : « Pourquoi ces solutions ne sont-elles pas adoptées plus largement ? »

Dans un récent billet, Cyrille de Lasterie commence par : « J’ai atteint un tel niveau d’exaspération politique que j’ai l’impression d’être au bord du burn out »

Cette impression, il m’arrive de la partager, et surtout, je la croise de plus en plus souvent lors de mes rencontres avec d’autres porteurs de projets.

Alors oui, je connais bien la définition de la crise donnée dans les années 1930 par Antonio Gramsci, mais, n’en déplaise à certains, l’histoire ne se répète pas et j’aime à croire qu’il est possible d’éviter le pire.

Le pire serait sans doute de nous endormir, d’oublier de nous réveiller lorsque celles et ceux qui ont le plus à perdre d’un changement de paradigme verrouillent ou pervertissent petit à petit chaque option de changement possible.

Et ne tombons pas dans le piège de la querelle : nous quereller ne fait qu’entretenir le chaos ou, dans le meilleur des cas, maintenir le statu quo (pendant que l’horloge continue de tourner…).

Plus une personne pense qu’elle a à perdre, plus sa résistance sera forte. Nous ne réussirons rien de pérenne et d’équilibré si nous ne prenons pas soin d’inclure ceux qui aujourd’hui profitent à fond d’un système qui arrive en bout de course.

L’inverse est vrai : nous réussirons un modèle de société pérenne et équilibré si nous prenons soin d’inclure ceux qui souffrent directement de ce système qui arrive en bout de course.

Ils nous traitent comme du bétail, ou comme de simples variables d’ajustement perdues entre les cellules C4 et Y260 d’une feuille de calcul ?

Soyons plus futés, plus humains qu’eux : traitons-les en humains. Allons à la rencontre de ces hommes et de ces femmes shootés au pouvoir. Sortons du tête-à-tête et proposons un cœur-à-cœur.

De notre côté, n’oublions pas nos objectifs. Arrêtons de prêter attention à chaque chiffon rouge qui s’agite devant notre nez. Continuons à créer des ponts entre des projets qui mettent le lien social et le respect du vivant au centre de leur modèle.

Mettons l’accent sur ce qui nous relie et, si Umberco Eco disait que « chercher un ennemi est une tendance universelle », Nelson Mandela avait compris par l’expérience que : « Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé. »

Plus que jamais ayons conscience que nous sommes tous, à notre niveau, porteurs de solutions.

 

 

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