Un grand agenda photo interactif (et bien plus) pour personnes âgées

#prototype
#grand écran + raspberry + yunohost
#opensource
#libre et ouvert
#niveau difficulté : moyen

Ce billet concerne un projet né suite au premier confinement COVID de 2019. Ma maman de 86 ans n’était plus en capacité d’utiliser son ordinateur. Elle ne s’était jamais sentie à l’aise avec une tablette et nous recherchions un moyen de partager quelques nouvelles avec elle en plus des appels téléphoniques.

Comme je l’explique notamment ici, je ne suis pas développeur. Juste un utilisateur un peu curieux. Ce qui est proposé ici est un prototype composé de briques matérielles et logicielles déjà existantes.

Les retours que j’ai eus de la part de professionnels accompagnant des personnes âgées présentant des troubles cognitifs m’amènent à croire qu’un tel dispositif est aujourd’hui bienvenu.

Je ne peux qu’inviter des personnes plus expérimentées ou des écoles d’informatique et de design à creuser des solutions plus simples à mettre en œuvre et facilement personnalisables tout en restant dans l’esprit du logiciel libre.

Le contexte

Une famille géographiquement dispersée utilisant quotidiennement les outils numériques (téléphone, ordinateur) et une personne âgée (bénéficiaire) qui avait l’habitude de recevoir des emails avec des photos et qui n’est plus en mesure d’utiliser son ordinateur ou une tablette.

L’idée est née d’un écran piloté par 1 ou 2 membres de la famille (administrateurs) et dont les informations affichées viendraient de l’ensemble des personnes (utilisateurs) autorisées depuis leurs outils habituels. Une sorte de « télé familiale ».

Cahier des charges de base

Fonctionnalités :

  • Afficher un agenda partagé de façon très lisible sur les 3, 4, 5 prochains jours avec un focus particulier sur les activités du jour de la bénéficiaire. Cet agenda doit pouvoir être mis à jour depuis les outils habituels des utilisateurs.
  • Afficher des messages courts envoyés par email ou SMS par les utilisateurs à la bénéficiaire.
  • Afficher un diaporama des photos les plus récentes.
  • La bénéficiaire doit avoir accès aux informations sans aucune manipulation de sa part.

Contraintes matérielles :

  • L’écran d’affichage doit être très lisible, assez grand, mini 17″
  • Consommation électrique basse (il est possible que l’outil reste 24/24 sous tension s’il n’est pas possible d’automatiser l’arrêt et le démarrage).
  • Préférence pour du matériel d’occasion lorsque possible.

Contraintes logicielles :

  • Logiciels libres et interfaçables avec les outils habituels des utilisateurs.
  • Accès sécurisé, limité aux personnes identifiées.

Contraintes financières :

  • Moins de 200 €
  • Pas d’abonnement mensuel autres qu’un accès internet et de l’espace disque mutualisé sur un serveur.

Ça existe sûrement déjà, non ?

Après une recherche sur le net, je n’ai rien trouvé qui corresponde à ce type de cahier des charges.

Il existe bien quelques solutions de tablettes que l’on peut mettre à jour à distance, mais cela reste des tablettes de petit ou moyen format, pas forcément très chères mais surtout liées à un abonnement mensuel de plusieurs dizaines d’euros (comme cette solution, celle-ci ou celle-là). Au final un budget minimum de 300 € / an.
Oui… La Silver Economie est un marché, messieurs dames…

Après quelques échanges sur les réseaux et notamment avec Mike, j’en suis arrivé à une solution autour d’un ordinateur Raspberry Pi, d’un écran 21″, d’un site WordPress et d’un compte sur un Nextcloud.

Je détaille la solution sans rentrer dans tous les détails car, une fois ces briques posées, de multiples adaptations sont possibles.

La solution bricolée

Matériel utilisé

Comme c’était ma première expérience avec un Raspberry, j’ai opté pour leur dernier né, tout à fait adapté pour les débutants : le Raspberry Pi400. Avec le coffret de départ, j’avais un ordinateur complet pour moins de 110 €. Maintenant, je me dis qu’un Raspberry 3 autour de 80 € était suffisant.

Pour l’écran, j’ai été chez HappyCash, mais j’aurais pu aller chez Emmaüs ou AFB. L’important était pour moi de trouver un écran d’au moins 19″, avec interface DVI (il existe ensuite des câbles adaptateurs pas trop chers pour passer du DVI à l’HDMI, type du connecteur vidéo du Raspberry). J’ai trouvé un écran Phillips 21″, que j’ai préféré au DELL ou au Fujitsu pour sa basse consommation électrique en utilisation. L’écran plus le câble DVI-HDMI m’ont coûté 43 €.

J’aurais pu utiliser directement la télé (qui a des entrées HDMI) et inviter ma maman à utiliser sa télécommande pour aller sur la bonne « chaine », mais j’avais peur que la démarche soit trop compliquée pour elle. Là, elle n’a vraiment rien à faire.

Pour l’hébergement du site et de Nextcloud, je loue un petit VPS Kimsufi à 4 € TTC/mois (il serait possible d’héberger ça directement sur le Raspberry, mais je n’ai pas creusé cette option).

Locigiels utilisés

Côté VPS : Yunohost avec Nextcould et WordPress.

Côté Raspberry : Firefox avec le module tab reloader.

Paramétrage

Côté serveur (VPS)

Une fois WordPress et Nextcloud installés avec Yunohost, l’idée a été de trouver quelques plugins WordPress :

  • Affichage du calendrier partagé :
    • WP-CalDav2ICS qui convertit le calendrier Caldav de Nextcloud au format ICS et le stocke sur WordPress.
    • Puis ICS Calendar qui me permet de mettre en forme le calendrier .ICS récupéré
  • Affichage du diaporama :
    • Smartslider : le plugin est clairement surdimensionné, mais je n’ai pas trouvé un autre diaporama qui pouvait facilement s’afficher dans un widget.
  • Affichage des emails :
    • Postie permet de recevoir des recevoir des emails sur un blog WordPress et de transformer ces emails en billet de blog. J’ai réglé les paramètres pour accepter sur une adresse dédiée les emails envoyés depuis des adresses précises (celles des utilisateurs).
      Cette adresse dédiée est vérifiée toutes les 10 minutes et les emails valides sont automatiquement transformé en articles de blog.
      J’utilise ensuite le widget « articles récents » pour afficher les titres des billets (qui correspondent au sujet de l’email). Seul le titre est affiché (l’idée est d’afficher en gros caractères des messages courts).
  • Sécurisation de l’accès :
    • AAM est un plugin qui permet de définir très précisément des droits d’accès à certaines pages par jeton (token) dans l’url, et non par saisie d’un mot de passe. Cela facilite l’accès : il suffit d’envoyer l’url complète avec le jeton.
  • Bonus : affichage en temps réel de l’heure et de la date du jour
    • Pour ça, je me suis inspiré de ce javascript que j’insère dans un bloc code HTML dans la page principale.

Pour la mise en forme de tout ça, j’utilise le thème Overlay qui me permet sans trop entrer dans le code un affichage aussi sobre que possible.

L’écran est divisé de la façon suivante :

Les images du diaporama sont chargées par les utilisateurs sur un dossier partagé du Nextcloud et protégé par un mot de passe. Les administrateurs sont prévenus de l’arrivée de nouvelles images ; il leur reste à les ajouter manuellement (pour le moment) au diaporama Smartslider de WordPress.

Côté Raspberry

Ne connaissant pas du tout l’environnement du Raspberry, je me suis contenté d’une installation très basique : à la distribution standard, j’ai ajouté Firefox avec le module tab reloader.

La connexion à la page se fait par l’url sécurisée avec le jeton créé par le plugin AAM de WordPress. J’ai paramétré cette page comme page d’accueil, et programmé un rechargement automatique toutes les 10 minutes avec tab reloader (afin d’afficher les mises à jour de l’agenda et les nouveaux messages). Un petit alt-F11 permet de passer en mode « plein écran ».

Et voilà ! 🙂

Pour environ 150 € et 4€ par mois (hors accès internet), nous avons une solution très proche du cahier des charges (il manque les SMS).
Une solution qui pourra continuer à évoluer dans le temps sans coûts supplémentaires (juste du temps à passer 🙂 ).

Améliorations souhaitées

Je pense que WordPress n’est pas la solution la plus optimisée en terme de ressources pour remplir la mission.

Je souhaiterais que le Raspberry démarre Firefox au boot et sur la page d’accueil en mode plein écran, qu’il s’éteigne à minuit et se rallume à 8h. J’imagine que la chose est possible, mais pour le moment je ne sais pas le faire.

Je souhaiterais que les images téléversées par les utilisateurs sur le dossier Nextcloud soient automatiquement prises en compte dans le diaporama. Une fonctionnalité intéressante serait de prendre une image en pièce jointe d’un email et de l’afficher en même temps que le message court.

Quelques idées complémentaires :

  • Imaginer d’autres composants que « Agenda », « Diaporama », « Messages courts » et de composition d’écran.
  • Ajouter de la musique et de la video avec Peertube et Funkwhale par exemple.
  • Si WordPress ou un autre CMS existant : un thème spécialisé dans ces fonctions avec préconisation des modules adaptés.
  • Si développement spécifique : un mode administrateur simplifié pour permettre à des personnes moins à l’aise avec ces outils de piloter l’écran.

La bonne surprise

Le Raspberry P400 étant suffisamment costaud, j’ai ajouté une webcam (25 €) sur le port USB et paramétré un accès VNC afin de contrôler ce petit ordinateur à distance.
Le plus compliqué a été de réussir à trouver comment régler le firewall de la box internet afin d’autoriser l’accès à distance.

Je peux ainsi démarrer une visio avec ma maman ou lui projeter une video sans qu’elle ait à toucher quoi que ce soit.

C’est un plus que je ne visais pas au départ et qui est finalement le bienvenu. Il me reste maintenant à voir comment je peux facilement faire profiter les autres membres de la famille de cette fonctionnalité.

Invitation…

Ce billet est une invitation à partager une réflexion (et j’espère de l’action…) sur un projet visant à contribuer à une plus grande utilisation d’outils informatiques libres et ouverts dans la création et la diffusion littéraire et graphique. Bon… dit comme ça, c’est peut-être pas assez sexy… Mais je fais confiance aux lecteurs et lectrices pour ne pas s’arrêter à l’intro 🙂

Un peu de contexte

Depuis quelques temps déjà (disons 1987), j’explore les solutions numériques.

Depuis 2002, j’applique cette curiosité à Pourpenser, la maison d’édition co-créée avec ma sœur Aline.

Cela nous a permis dès 2004 d’avoir un site marchand et de développer une communauté autour de notre projet éditorial, communauté qui n’hésite pas à aller chercher nos livres en librairie et à parler de nous.

En 2018, dans le cadre du Coll.LIBRIS, l’association d’éditeurs en Pays de la Loire, j’ai proposé une étude autour des outils de gestion utilisés par les maisons d’éditions indépendantes. De cette étude et des rencontres qui ont suivi est né le projet Oplibris fin 2019, projet que nous portons avec les éditions Symétrie, l’aide financière de la région Pays de la Loire et du Coll.LIBRIS.

Depuis le confinement de mars, j’ai pu constater à quel point les habitudes numériques étaient en train d’évoluer et à vitesse accélérée.

L’un des dangers du numérique est la concentration de données dans les mains d’une minorité. Nous le constatons chaque jour avec les outils que nous utilisons à titre privé.

Parallèlement à cette concentration, des alternatives de plus en plus accessibles autour de logiciels libres se développent depuis plusieurs années (un grand merci à une association telle que Framasoft de contribuer à cela).

L’idée…

Mon souhait aujourd’hui serait de mettre mon expérience au service d’un projet commun à destination de créateur·rices et d’éditeur·rices qui souhaiteraient faire un pas de côté et faire ensemble le pari d’outils informatiques libres, tant pour la création que pour la diffusion d’œuvres graphiques et littéraires.

L’idée n’est pas de passer du jour au lendemain d’un outil à un autre, d’un réseau social à un autre, mais de repérer ensemble des alternatives adaptées, d’en faciliter l’accès et l’usage et de les promouvoir auprès de nos publics.

Dans mes récentes recherches, il ne m’a pas semblé repérer un collectif structuré ou en cours de structuration sur ce sujet -> Si tu en connais un, n’hésite pas à me l’indiquer (l’idée n’est pas de réinventer la roue) !

Ce billet a donc pour objet de d’identifier des personnes et structures qui souhaiteraient rejoindre cette vision, cette envie.

Idéalement, j’imagine pour 2021 :

  • un noyau d’une dizaine de personnes avec des compétences complémentaires : design UX, développement, sysop, création graphique, organisation, formalisation, juridique, montage de dossier financier.
  • un premier site qui proposerait des instances Peertube et Funkwhale autour de la création graphique et littéraire, quelques tutoriels sur la création d’images et de mise en page dans un environnement libre (Gimp, Kryta, Inkscape, Scribus), un annuaire des formations existantes et, bien entendu, un accès à l’ERP Oplibris 😉
  • un financement mixte composé d’une part d’abonnements mensuels entre 10 et 20 € donnant accès à un support en ligne et à des ressources complémentaires, et d’autre part d’aides publiques DRAC ou Régions.
  • une communauté active d’une centaine utilisateurs et utilisatrices souhaitant expérimenter et témoigner de leurs usages.

Si l’idée t’intéresse, merci d’utiliser le formulaire suivant pour me faire part de tes coordonnées, souhaits et compétences ou bien rejoins ce groupe sur Mobilizon. Je ferai un point d’ici la fin janvier, d’ici là, bonne fête à toutes et tous !

NOTE DU 13 FÉVRIER 2021 :
Suite à cette invitation, un petit groupe d’une dizaine de personnes s’est constitué. Les premiers échanges se font via le groupe Mobilizon qui reste ouvert aux personnes qui souhaitent nous rejoindre.
Je suis impressionné par la diversité et la richesse des parcours des personnes qui accompagnent ce projet. Rendez-vous dans un an pour un bilan des actions réalisées.

Ce monde d’après… qui existe déjà ?

 

Depuis quelques semaines il n’y a pas une journée sans l’évocation de la naissance d’un monde d’après.

Nombreuses sont les versions, du plus sombre au plus lumineux, mais beaucoup évoquent un monde plus en lien avec le vivant, où les inégalités diminueraient. Un monde où la compréhension de l’autre permettrait d’apaiser les conflits. Un monde où l’être passerait avant l’avoir et le paraître. Un monde où l’équilibre serait plus recherché que le profit…

A sillonner la France et à me documenter depuis une vingtaine d’années, je sais que ce monde là, se construit déjà depuis longtemps : il demande juste à être mis en avant, à être proposé en modèle désirable plutôt que caricaturé ou réservé à des personnes qui ont le temps de sortir du schéma transport-boulot-dodo.

Qu’avec la crise actuelle de nouvelles personnes découvrent qu’une autre façon de penser le monde est nécessaire, je le conçois.
Par contre, pourquoi chercher de nouvelles solutions alors que de nombreuses initiatives qui existent depuis plusieurs décennies ?

Réinventer est souvent joyeux, mais n’est-il pas plus efficace de s’appuyer sur l’existant, de bénéficier de son expérience et contribuer à son amélioration si cela s’avère nécessaire ?

Je ne suis pas historien mais je sais que l’aspiration d’une organisation de la société de façon plus juste n’est pas nouvelle.

Sans remonter les siècles, il me semble que nous avons en France des associations, des entreprises, des collectifs qui œuvrent depuis 15, 20 ou même plus de 50 ans pour des rapports humains apaisés, d’autres manières d’enseigner, une agriculture respectueuse des sols, une économie solidaire qu’elle soit locale ou au delà, une alimentation saine, élément essentiel de notre santé.

Aujourd’hui il existe bien quelques magazines (je pense notamment à Kaizen, L’âge de faire, ou Féminin Bio) mais encore une fois, l’audience reste mineure et nous sommes loin de toucher 25% de la population.

Par ailleurs, la nouveauté faisant vendre, lorsque des projets sont présentés dans les médias généralistes, ce sont souvent de nouvelles ou récentes initiatives qui sont mises en avant pendant que des acteurs présents sur le terrain depuis de longues années restent invisibles.

La seule exception me semble être Carnet de campagne sur France-Inter. Un grand bravo et merci à Philippe Bertrand pour sa ténacité.

Je parlais par exemple dernièrement avec Anne-Laure Nicolas : l’écolieu du Bois du Barde a plus d’une dizaine d’années. Ce projet est riche d’expériences à partager. Je pense également à nos maraichers, Irène et David, (en bio depuis 1996 et non travail du sol depuis 2012). Qui connait ces projets en dehors du bouche à oreille ?

Je suis certain que chacun·e de nous connaît ainsi 1 ou 2 projets exceptionnels dont aucun média ne parle et qui nous montre que ce monde d’après existe déjà.

Je prends ici un engagement : si d’ici à septembre ce billet totalise plus de 100 liens vers des initiatives porteuses de solutions de plus de 10 ans d’âge et qui n’ont pas eu un article dans un média national depuis au moins 5 ans, je mettrais alors toute mon énergie pour réaliser un annuaire de ces initiatives et les faire connaître.

Faisant cela, j’ai bien conscience que je n’invente rien : le collectif pour une transition citoyenne s’active depuis des années pour mettre en lumière ces multiples initiatives. La fête des possibles est de mon point de vue un projet totalement sous médiatisé et qui devrait mériter toute notre attention.

 

Une vie à 360° ?

La frontière entre vie pro / vie perso / vie asso me semble de plus en plus compliquée à marquer et pas seulement pour quelques hurluberlus de mon espèce. Mon dernier séjour sur Paris a été l’occasion de me confronter à plusieurs situations qui ne font que renforcer cette intuition.

Il y a quelques jours, j’ai passé 48h sur Paris pour accompagner mon fils qui débutait un stage chez Manzalab Group. J’avais prévu de prendre ces 48h sur mes congés donc, 0 rencontre pro planifiée. Mais la vie est souvent taquine…

La veille de partir, je reçois un mot de Flora Clodic, une copine FB que je n’ai jamais rencontrée « en vrai de vrai » et qui a un projet de livre. Ok… ça frise la sphère pro, mais ce n’est pas un livre pour les enfants, il me suffira d’en rester aux « conseils entre amis ».

Le lundi, nous nous rendons avec le grand fiston de 15 ans sur les lieux du stage. Je l’avoue, ce stage, il l’a eu via mon carnet d’adresse : j’ai connu Antoine, le fondateur de l’agence Longue Vue (désormais filiale de Manzalab Group), il y a plus de 20 ans. A l’époque, nous avions pour client commun une filiale de Philips dédiée au Compact Disc Interactif (la préhistoire de la vidéo interactive). Ceci étant, cela fait environ 18 ans que je n’avais pas revu Antoine et s’il a accepté de prendre Noé en stage, c’est bien en souvenir du lien humain que nous avons tissé et non dans le cadre de nos échanges professionnels. Nous avons d’ailleurs eu plaisir à déjeuner ensemble et à parler autant boulot que vie privée. Alors… déjeuner pro ou privé ?

Après ce déjeuner, je retrouvais Sébastien Ravut. Avec Sébastien, cela fait plus d’une dizaine d’années que nous nous croisons : à l’époque, il venait de créer LMC (Le Marché Citoyen devenu depuis Près de chez nous) et, de mon côté, je faisais partie de l’équipe des joyeux rédacteurs d’Ecoloinfo réunis par Anne-Sophie Novel (vive la vie associative / militante !).
Nous commençons tranquillement à prendre un café à la terrasse ensoleillée du Fumoir, parlons de la vie, de nos enfants… et aussi de nos projets professionnels. Il se trouve que Sébastien accompagne un de ses clients sur la nouvelle version de son site e-commerce afin de l’interfacer avec leur système de stock et de gestion : exactement l’un des chantiers sur lequel nous sommes avec Dominique pour le site de Pourpenser (dois-je également ajouter que je suis fan des créations de ce client et que je pense qu’il y aurait certainement plus d’un piste de coopération à creuser ? 🙂 ) !

Après un grosse heure d’échange, Sébastien a besoin de se poser pour travailler un peu. De mon côté, bien que je sois « en vacances », j’ai tout de même pris mon ordinateur 🙂 : nous voici donc à l’intérieur du café, bien au chaud sur une table accueillante. Vers 17h, mon fiston qui vient de terminer sa première journée de stage nous rejoint. Sébastien étant sage, il continue de travailler pendant que je prends un goûter (je suis resté très attaché à ce repas nuisible pour la ligne, mais tellement agréable pour adoucir les rapports humains).
Finalement, avant de nous quitter, Sébastien échange quelques mots avec le fiston : l’occasion pour le stagiaire de faire un premier compte rendu (sommes-nous ici dans le pro ou le perso ?).

Le lendemain, j’avais donc ce rendez-vous prévu 48h plus tôt avec Flora : « vers 10h du côté des Halles ». Finalement, Flora me propose de la retrouver dans les locaux d’Officience. Je prends avec plaisir ! Officience, je ne connais que de nom et pour être en contact via FB avec un des co-fondateurs Duc Ha Duong.

Arrivé sur place, je découvre un espace de co-working d’un type inhabituel et qui me parle à 100 % : Officience met ses locaux à disposition à toute personne qui porte un projet en résonance avec ses valeurs. En plein questionnement sur la création de tiers-lieux en Pays d’Ancenis, cela ne peut qu’enrichir l’actuelle réflexion (pro ou asso ?).
Belle surprise : Duc arrive juste après moi dans les locaux ! Nous convenons donc de prendre un petit moment pour discuter après le RDV avec Flora.

Avec Flora, nous nous suivons sur les réseaux depuis le projet de PlaceToB lancé par Anne-Sophie Novel lors de la COP21. J’avais alors eu la chance de participer à une émission radio animée par Stéphane Paoli en compagnie de Caroline Sost et des enfants de Living School.
Depuis l’aventure PlaceToB, Flora s’intéresse de près à ces adultes que l’on qualifie de haut-potentiel, zèbre, cygne ou surdoué et surtout à leur relation au bonheur. Elle me fait part de son parcours, de l’avancement de son projet, de ses souhaits et ses besoins.

A titre personnel, aussi dorée ou avenante qu’elle soit, toute idée de case me dérange, mais il me semble comprendre que le projet de Flora aborde ce point avec justesse. Je lui fais part de mes quelques remarques, idées, et l’invite à prendre contact avec une personne à laquelle je pense pour la partie édition. Encore une fois : comment qualifier ce moment passé ? Sommes-nous dans le pro, le bénévolat, l’amical ?
Ah… toujours cette question de cases !

A cette table où nous étions assis, Duc succède à Flora.
Je suis limite en mode groupie : le gars est un ancien ingénieur de chez Orange qui a quitté le gros navire pour monter sa SSII au Vietnam. En 2009, alors que la boîte commence à ralentir sa croissance (avec 150 salariés), il décide de repenser totalement le modèle de management. J’interroge Duc sur un groupe FB que j’ai rejoint un peu par hasard il y a quelques mois : les 100 barbares. Il m’en explique la genèse et le fonctionnement. Je comprends qu’à travers FB je n’ai aperçu que la partie visible de l’iceberg de cette communauté.

Les propos de Duc mettent de la grammaire sur une partie de mon quotidien et me donnent envie de consacrer plus de temps à expliquer comment nous travaillons chez Pourpenser, comment les frontières entre pro, asso et perso sont fines et perméables.

L’expérience de Duc me permet de visualiser un champ des possibles : oui, il est possible d’étendre ce modèle à des entreprises de taille plus importante.

Duc a un déjeuner à suivre avec un entrepreneur qui développe un modèle de kiosque à eau (j’avais compris kiosque chaos) permettant de créer de petites unités de traitement d’eau potable dans des pays émergents. Temps pour moi de reprendre la route et d’aller faire un petit coucou à mes amis de Kaizen Magazine.

Sur le chemin qui me mène de la rue du Caire à la rue Martel, je croise une sandwicherie kurde : galette réalisée devant nous, légumes frais, fromage frais. Un régal ! (voici l’adresse si ça vous fait envie !).

Kaizen a ses locaux dans un espace de co-working. Celui-ci est beaucoup plus grand que les espaces proposés par Officience et l’esprit n’est pas du tout le même : preuve qu’un même mot, pourtant supposé couvrir le même concept, ne suffit pas pour décrire la diversité de ces lieux.

Toute l’équipe est en réunion et je m’en voudrais de les déranger. Du coup, je me pose un peu sur un bureau libre, relève mon courrier, rédige quelques réponses, puis, comme leur réunion est toujours en cours, je laisse un petit mot et quelques douceurs à partager (quand on est gourmand…). Lors de ce moment dans les locaux de Kaizen : étais-je là en tant qu’abonné ? En tant qu’ami d’une partie de l’équipe ? En tant qu’éditeur de livres proposés sur leur librairie en ligne ? Ou bien, était-ce simplement Albert qui se promenait dans Paris ?

J’écris ce billet dans le train du retour et cette question reste entière : est-il utile, nécessaire de découper nos vies en tranches perso / pro / asso / loisir ? D’où vient ce besoin ? Je me demande également comment je pourrais tenir une sorte de comptabilité analytique de cela ? J’ai toujours du mal à passer en frais professionnels des choses qui pourtant, sont liés à mon métier. Peur du contrôle fiscal ? Peur de l’abus de bien social ? Oui, il y a certainement une part de cela. Une peur de ne pas réussir à faire comprendre à un agent de l’administration fiscale que ma vie est un tout. Peur que cette façon de voir la vie soit mal comprise par notre société actuelle.

Et pourtant… Bien que je ne crois pas que cette façon de traverser la vie convienne à tout le monde, je suis convaincu que bien des personnes seraient plus heureuses, plus équilibrées, plus en harmonie avec elles-mêmes si elles s’autorisaient à décloisonner leur vie et à passer de façon fluide d’une pièce à l’autre de leur existence.

En tout cas, c’est le cas pour moi depuis maintenant plus de quinze ans avec l’aventure de Pourpenser !

Pourquoi je m’abonne à « La révolution du sourire »…

 

Dans la multitude des sujets qui m’intéressent il y en a deux que j’aime souvent mettre face à face :

  • Notre relation à l’autre et à notre environnement proche.
  • Le développement des technologies.

Alors que les technologies nous permettent d’échanger plus facilement que jamais, nous voyons à nos portes l’exclusion et le repli identitaire. Les choses vont tellement vite que les outils sont utilisés sans que nous ayons eu le temps d’intégrer la complexité des changements qu’ils induisent.

Aujourd’hui, les algorithmes connaissent mieux nos habitudes que nos proches… et que nous-même parfois. Ceci dit, si un algorithme n’a pas de conscience, il a un but, et ce but est défini par un ou des humains.

Cela fait plusieurs années que j’échange et suis les projets de Mathieu Coste. Au fil des discussions, j’ai pu constater à quel point Mathieu était passionné (encore plus que moi !) par ces questions. Passionné au point de bâtir un projet allant au delà même de ces préoccupations.

ChezNous le projet lancé en 2012 a pris du temps à décoller. L’avantage c’est qu’il repose sur des bases conceptuelles fortes.

Aujourd’hui, ChezNous propose de soutenir le développement de leurs actions en prenant un abonnement. 5€ par mois pour soutenir la réflexion autour de nos usages et le développement de projets concrets.

Une utopie n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé.
Je suis heureux de pouvoir participer à ma hauteur à la transmutation d’une utopie en projet.

 

Envie de jardiner…

Le jardin partagé

 

Est-ce la récente publication du livre de Sandrine et Philippe « Le jardin partagé » ou la contamination par l’exemple de plusieurs de nos amis ? Peut importe la raison : depuis quelques mois, j’ai bien envie de transformer notre jardin pour qu’à partir de l’année prochaine nous puissions commencer à récolter nos premiers légumes.

Aujourd’hui, j’ai croisé cet article intéressant sur Rue89 : Joseph Chauffrey a, en 4 ans, aménagé son jardin de 150 M2 (taille assez proche du notre) et récolte plus de 250 Kg de fruits et légumes par an, avec un investissement temps d’environ 10h par semaine (ce qui me convient parfaitement).

Mon souhait n’est pas l’autonomie à tout prix, mais de créer un espace extérieur accueillant et utile. Reste à savoir si j’aurai la patience nécessaire 😉

 

Une année de plus…

Et voilà, je viens de terminer ma 46e année sur cette planète.
Bigre que le temps passe vite.

Du coup, autant remplir mes journées, mes semaines, avec des projets qui me plaisent, me portent et donnent du sens à ma vie.

Si vous me connaissez un peu, vous savez à quel point j’aime tisser des liens, construire des ponts. Le dernier projet de Pourpenser, #leprojetfou et son livre « Se changer les idées » reflète parfaitement ce souhait.

Samedi dernier, c’était donc mon anniversaire, mais également la première fois que je présentais publiquement ce petit livre en librairie.

Pour Aline, Dominique et moi, ça y est, ce livre est édité, imprimé, et maintenant disponible à la vente. Le projet est pour ainsi dire terminé pour nous, et d’autres projets nous appellent déjà. Mais penser ainsi serait une erreur et nous le savons d’expérience : lorsqu’un livre arrive dans les mains des lecteurs, c’est une nouvelle aventure qui commence. Une aventure qui peut durer des années : tant qu’il existe une copie d’un livre à travers le monde, l’aventure continue.

A propos de textes qui traverse le temps, voici le dernier livre que je viens de m’offrir en tant que lecteur, la traduction d’un poème persan du XIIe siècle : « Le Cantique des oiseaux » aux éditions Diane de Selliers.
Un projet est à venir autour de ce texte, j’aurai l’occasion de vous en reparler…

cantique-oiseaux