Il se passe quelque chose…

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Il se passe quelque chose. Je ne sais pas où cela nous mènera mais un élan a été lancé et ce mouvement de convergence des luttes et des actions pourrait bien nous surprendre. Retour sur ma soirée du 36 mars (5 avril) à Nantes…

Le mouvement #nuitdebout s’est mis en place alors que j’étais déconnecté de mon ordinateur, de la radio et des journaux (c’est souvent le cas lorsque je suis en salon).

Du coup, le 5 avril je poste le mot suivant et quelques amis me conseillent un peu de lecture :

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Ce que je lis ici, ou me donne envie d’en savoir plus, le soir même nous allons avec ma douce et tendre faire un petit tour à Nantes, place du Bouffay.

En arrivant, nous avons la bonne surprise d’y retrouver de chers amis : dommage de ne pas avoir pris le temps d’en discuter avant, nous aurions covoituré !

Nous constatons de suite une ambiance à la fois festive mais également très studieuse : il y a plusieurs cercles de parole et tout autour des personnes vont et viennent. Cette organisation n’est pas sans rappeler les forums ouverts (que les Colibris ont contribué à populariser en France entre 2009 et 2011). Au dessus de nous, un hélicoptère tourne autour de la place.

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Les personnes présentes sont plutôt jeunes (20-25 ans) mais nous sommes quelques quadra et quinqua à faire nos curieux, à participer à quelques discussions.

Je m’assois pour participer à une discussion sur le travail – c’est le paradoxe : tout le monde parle de #nuitdebout mais dans la réalité c’est plutôt #soirassisenrond – une grande feuille au centre du cercle, deux personnes qui prennent des notes, une personne qui distribue la parole : les échanges vont bon train et petit à petit la feuille du centre se remplit d’idées et de propositions.

Tout à coup, des cris, on perçoit de la tension dans l’air et tout va soudainement très vite : chacun se lève, nous reculons et comprenons que les CRS chargent sur la place.

Incompréhension autour de moi. J’hésite à quitter la place, on aperçoit des fumigènes et je vois des personnes qui reviennent vers nous en disant « j’ai été gazé ».

La tension est palpable, mon coeur s’est légèrement emballé et je me sens mal à l’aise dans cette ambiance qui tranche avec celle de dialogue et de calme présente quelques minutes plus tôt.

Pourquoi chercher à vider la place ? Pourquoi créer de la tension ? Comment réagir face à cette violence ?

A notre surprise, le calme revient doucement et au bout d’une dizaine de minutes quelques cercles se reposent sur la place, mais il y eu cassure, il faut recréer l’ambiance, rappeler pourquoi nous sommes là. Un rapide coup d’œil périphérique me permet de constater qu’environ un tiers des participants ne sont plus là. Mine de rien, la peur d’une évacuation totale de la place reste présente.

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Et puis les discussions reprennent, l’ensemble des commissions se remettent au travail et les CRS disparaissent de notre vue.

Certains disent qu’ils n’étaient là que pour dégager la voie de tram, d’autres que c’était une manière de dire à d’éventuels casseurs « on vous surveille » et nous sommes plusieurs à penser que derrière cette charge se trouvent ceux qui préfèreraient qu’un tel mouvement spontané et non cadré ne prenne pas trop d’ampleur.

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Alors que tombe la nuit, l’ambiance change sur la place : l’alcool et les roulées qui font rigoler font leur effet.

Mais j’ai l’impression que celles et ceux qui participent à l’AG et aux commissions en cours veillent à rester sobre.

C’est un peu comme s’il co-existait deux mondes sur cette place, deux mondes qui pourraient symboliser nos propres incohérences.

La beauté est de constater que ces deux mondes peuvent vivre ensemble : ceux qui n’étaient ce soir pas d’humeur à refaire le monde, n’empêchent pas non plus la discussion.

Et si c’était ça l’avenir : réussir à co-exister en nous réjouissant de nos différences ?

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Pour continuer à suivre le mouvement #nuitdebout à Nantes :
#Nuitdebouffay et @NuitDebout44

Dans les medias  : Ouest-FranceFrance Info

Lorsque les enfants nous invitent à prendre soin de la ville

carte-ancenisCe matin, à l’initiative des enfants du Conseil Municipal des Enfants, nous nous sommes retrouvés une cinquantaine d’habitants de la ville d’Ancenis (adultes et enfants) pour ramasser les déchets traînant dans les rues du centre ville.

Cette idée est notamment née du constat fait par les enfants que papiers et mégots de cigarettes se retrouvaient régulièrement sur les trottoirs.

En 1h30 heures à 50 personnes (soit environ 75 heures), nous avons ramassé l’équivalent d’environ de 6 poubelles de 200 litres : canettes en alu, bouteilles en verre ou en plastique, emballages de toute sorte, mégots, papiers gras, lingettes… Mais également quelques déchets tels que pneu, casserole, plaque de polystyrène…

Un enfant a même eu la bonne surprise de trouver un billet de 50€ !

Les personnes croisées étaient plutôt surprises et bienveillantes (il aurait peut-être été intéressant de pouvoir leur remettre un papier pour leur expliquer la démarche), mais nous avons croisé un groupe de cyclistes amateurs (de sportifs retraités si j’en juge par l’âge) dont l’un nous a adressé un curieux compliment  : « Comme s’il n’y avait pas assez de chômeurs, il font nettoyer la ville aux enfants« .

Il est bien évident que ce ne sont pas aux enfants de nettoyer la ville. Mais pour avoir suivi la démarche (la demoiselle Sarah fait partie du CME…), je trouve intéressant que les enfants pointent ainsi des pistes d’amélioration possibles.

Les enfants ont notamment proposé :

  • plus de poubelles disposées en centre-ville,
  • des cendriers placés aux abords du lycée,
  • des moments comme celui de ce matin où les habitants prendraient du temps pour prendre soin de leur ville.

De mon côté, je trouverais intéressant que les habitants qui s’impliquent ainsi se voient crédités d’une levée ou de quelques ouvertures supplémentaires dans l’année. Une façon, non pas d’inciter, mais de remercier les habitants qui prennent un peu de temps pour le bien commun.

A côté de cela, je me pose également deux questions :

  • les services techniques de la ville sont-ils à ce jour bien dimensionnés pour assurer la propreté de la ville ?
  • que pourrions-nous imaginer pour sensibiliser les touristes et les habitants à mieux déposer les déchets là où il doivent l’être ?

Si vous avez des idées, n’hésitez pas à poster vos commentaires, je ferai remonter !

 

 

 

 

Politique fiction…

Il y a quelques temps un scénario est né dans mon esprit biscornu…

2002 – Au lendemain du 21 avril, quelques esprits brillants comprennent l’intérêt que pourrait avoir le Front National dans les années à venir.

– Il est évident que tous les signaux sociaux, économiques, environnementaux sont au rouge : avec l’inertie et quelques rustines, le navire France continuera à voguer une quinzaine d’années. Mais ensuite, il sera trop tard pour redresser la barre.

– Oui, il faut préparer les Français à se serrer la ceinture, à traverser une zone de turbulences importantes qui mettra à mal le pays pour de longues années.

– Celui ou celle qui sera à la barre à ce moment devra prendre des mesures impopulaires, et personne n’a envie de s’y coller.

– Et si nous refilions la patate chaude au FN ?

– Excellent ! Comme disait l’autre « Plus c’est gros, plus ça passe », allons-y à fond alors : accumulons les conneries, préparons le terrain et refilons le bébé au FN. Ils seront tellement fous d’accéder au pouvoir, de toucher le saint Graal, qu’ils n’y verront que du feu.

– En 1 ou 2 mandats, ils auront fait le plus gros du travail. Nous n’aurons plus qu’à ramasser les miettes : le pays sera tellement exsangue, qu’il nous suffira d’arriver en sauveurs et nous serons élus avec des scores dignes d’une république bananière !
Entre temps, nous aurons pris soin de mettre nos actifs au chaud, histoire de tenir 5 ou 10 ans de vache maigre.

Bien entendu, tout ceci n’est que fiction et tout similitude avec des faits ou des personnages existants ne serait que le pur fruit du hasard.

 

 

 

Nous sommes une belle nation dans un état schizophrène…

noussommesCette phrase résonne en moi depuis quelques jours et je me dis qu’elle résonnera peut-être ailleurs.

Lorsque je parle de nation, j’en prends la définition faite par Ernest Renan dans sa conférence en 1882 :

« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »

« L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »

Oui, nous sommes une belle nation : nous partageons des valeurs telles que l’égalité, la liberté, la fraternité. Notre histoire est riche d’hommes et de femmes qui ont marqué leur temps par leurs écrits, leurs découvertes, leur imagination et leur talent. Notre nation est multiple, accueillante, composée et fertile. l’Histoire en témoigne.

J’écris état, mais je pourrais sans doute écrire Etat.
Car, oui, notre état est schizophrène.

Nous devons une grande partie de notre confort quotidien à l’exploitation sans vergogne des ressources naturelles et au travail d’ouvriers sous-payés à l’autre bout de la planète.

Une partie de notre richesse nationale vient de la vente d’armes et de l’exportation de centrales nucléaires dont personne ne sait à ce jour gérer les déchets et qui incite à l’exploitation de l’uranium.

Nous acceptons que l’argent que nous plaçons dans les banques serve à financer des armes ou la déforestation.

Nous ne voyons pas d’inconvénient majeur à ce que les principaux médias de notre pays appartiennent à des vendeurs de luxe ou de canon.

Nous laissons des personnes à la rue alors qu’il existe des locaux vides.

Nous tolérons des écarts de salaire entre des personnes à compétences égales uniquement parce qu’elle sont de sexe différents.

Bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive.

En tant que nation, où est la cohérence entre nos valeurs et nos actions ?
Quel est aujourd’hui notre projet commun ?

Ce 16 novembre, le Président de la République, a annoncé vouloir changer la constitution.

Soit ! Allons-y ! mais alors profitons-en pour y mettre du sens, de la cohérence.

Et pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas associer les citoyens à la révision (ou à l’écriture) de cette constitution comme le propose Raquel Garrido ?

 

Et vous, que faisiez-vous ce week-end, après le 13 novembre ?

Je sors d’une bulle…

Vendredi soir, j’étais sur Paris, tranquillement à l’abri, assis sur un canapé après une belle journée de ventes et de rencontres sur le salon Marjolaine lorsque j’ai lu les premiers tweets mentionnant les explosions à St Denis et les fusillades au cœur de la capitale.

Sidération, colère, profonde tristesse, pensées pour les morts et leurs familles. Je vois également apparaître le hashtag #porteouverte et mon cœur se réchauffe. Mais aucune envie de réagir à chaud.

Quelques minutes plus tard, j’entendais les sirènes et les hélicoptères. Des sons qui m’ont accompagné jusqu’à ce que le sommeil gagne la partie.

Le lendemain, je n’avais qu’une envie : rentrer à la maison, retrouver mes enfants, serrer dans mes bras celle qui partage ma vie, prendre du temps avec mes proches et célébrer la vie dans ce qu’elle a de plus simple. J’y ai cru quelques heures. Vers 10h, le salon annonçait sa fermeture : les deux derniers jours du salon étaient annulés, nous allions démonter et reprendre la route.

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Finalement, vers 15h le samedi, la préfecture a laissé aux organisateurs la responsabilité d’ouvrir ou fermer pour le lendemain et la SPAS (la société organisatrice du salon Marjolaine) a choisi de maintenir l’ouverture et de renforcer la sécurité aux abords du lieu d’exposition.

Avec Aline, nous étions partagés entre retrouver nos proches ou rester une journée de plus. Ce questionnement était celui d’un bon nombre d’exposants, d’autant que rien ne garantissait que la préfecture n’interdirait pas la manifestation au dernier moment le dimanche matin.

« Acte de résistance » ou « Recueillement » ?

Je n’avais pas le cœur à vendre. Le cœur à partager, à échanger, oui. Mais pas à vendre. Je trouvais même indécent l’idée de vendre. J’étais psychologiquement, émotionnellement en état de deuil.

D’un autre côté, « la vie continuait », un sentiment de culpabilité s’insinuait chez ceux qui quittaient le salon, quelques tensions naissaient entre exposants.

« Restons, c’est un acte de résistance » disaient les uns. « Soyons honnêtes, oui, nous proposons un autre modèle de société, mais ici, ça reste quand même un vaste supermarché« , « alors, restons, mais ré-inventons cette journée de dimanche » disaient d’autres, « Il n’y aura qu’une poignée de visiteurs » pensait la majorité.

Finalement, chacun prit sa décision en conscience, en fonction de ses impératifs et nous nous sommes donnés rendez-vous pour le dimanche matin.

Une journée étonnante

Dès 10h, une centaine de visiteurs commençaient à patienter pour l’ouverture des portes à 10h30.

C’était maintenant une évidence : le salon ouvrait. Rapidement, avec quelques amis, nous avons ré-organisé l’espace : certains stands étaient vides, il était plus cohérent de nous rassembler, même si les plans affichés n’étaient pas respectés. (pour l’anecdote, un ami a même profité de l’occasion pour « braquer » le stand d’une banque).

Avec Aline, pas plus que la veille, nous n’avions le cœur à vendre, mais nous étions là. Aline avait le cœur à dessiner et je l’avais à discuter, à comprendre pourquoi j’étais ici alors que j’avais envie d’être chez moi.

Je me suis donc installé sur une petite table, à l’ancien emplacement de notre stand, et sur notre nouvel espace, Aline accueillait les personnes qui souhaitaient en savoir plus sur nos livres, le jeu Emotions Monstres nous a même étonné en sortant un tirage d’une synchronicité particulière.

A ma petite table je buvais mon thé, discutais et donnais « Se changer les idées », ce livre co-écrit à 40 mains, imaginé avec Aline et Dominique suite aux événements de janvier.

Petit à petit, en échangeant avec les visiteurs, simplement, de cœur à cœur, en leur demandant pourquoi ils étaient venus ici ce dimanche matin au lieu de se retrouver avec des amis pour se promener dans les rues ou s’installer dans un parc, j’ai pris conscience de l’importance de l’impact d’un rendez-vous tel que Marjolaine pour eux :

  • La majorité avait de toute façon prévu de venir, et ces personnes ne voulaient pas se laisser dicter leur conduite par des actes terroristes.
  • Plusieurs personnes m’ont dit qu’elle venaient pour rencontrer les exposants : nous sommes des personnes qui incarnons concrètement le changement auquel elles aspirent (il y a peu de revendeurs sur ce salon, principalement des producteurs et des artisans).
  • D’autres ne venaient que pour les conférences et les ateliers (à nouveau le besoin de rencontres et échange).

Au fur et à mesure de ces discussions, j’ai retrouvé le sens d’être présent en ce lieu, avec ces personnes. En début d’après-midi j’ai délaissé ma petite table et j’ai rejoins Aline et l’ensemble des livres que nous proposions.

Les échanges ont continué tout au long de la journée, j’ai repris goût à présenter nos livres, à raconter l’histoire de la maison. Par moment, de façon fugace je percevais encore l’incongruité d’être là mais une parole, un sourire de visiteur, me rappelait que, oui, ma place ici était juste.

Bien entendu, j’aurais également été à ma place chez moi, à échanger avec mes enfants, à tenir la main de ma bien-aimée.
Bien entendu, nous aurions pu – avec l’organisateur et l’ensemble des exposants – donner une tonalité différente à cette journée de dimanche (un ami avait évoqué l’idée d’emmener tous les légumes restants pour une maxi disco-soupe).
Mais au final, je n’ai aucun regret. Nous avons passé des moments riches, des moments d’humanité partagée. Et même si, par moment, il pouvait y avoir un échange commercial, celui-ci n’était pas la finalité de l’échange.

Ces deux journées ont été comme une bulle hors du temps. Je n’ai pas écouté la radio, pas lu les journaux, juste lu les tweets le vendredi soir puis, les jours suivants entendu les témoignages des exposants qui étaient dans le 10e et le 11e.

Ce lundi, je reprends pied avec le reste du monde. Ce midi, nous étions sur la place de la mairie pour la minute de silence. A la maison, j’écoute à nouveau les informations. Tant de questions, tant de choses à dire…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chaque jour, l’horreur et la beauté frappent à nos portes…

Photo : @MogadishuNews #Kenya families mourn loved ones after #Garissa massacre. #GarissaAttack Photo : @MogadishuNews #Kenya families mourn loved ones after #Garissa massacre. #GarissaAttack

Quotidiennement l’horreur frappe à notre porte. Ici, ou là, des hommes (oui, le plus souvent des hommes) tuent d’autres humains : hommes, femmes, enfants.

Ce serait une erreur de s’y habituer. Ça en serait une autre de ne vivre qu’avec cela en tête.

Quotidiennement la beauté frappe à notre porte. Ici, ou là, des hommes et des femmes aident d’autres humains à vivre.

Il serait important de s’y habituer… Ce serait un bonne chose d’en parler plus souvent.

Chaque jour, j’ai une pensée pour celles et ceux qui nous quittent trop brutalement, tués en plein élan de leur vie.

Chaque jour, j’essaie, d’où je suis, de porter une lumière, un sourire, une action pour célébrer la beauté et la fragilité de la vie.

« Il y a sur cette terre des gens qui s’entretuent ; c’est pas gai, je sais. Il y a aussi des gens qui s’entrevivent. J’irai les rejoindre. » — Jacques Prévert, Paroles

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » — Martin Luther King

découverte de #rebootfrance…

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Je découvre ce matin le projet lancé par Korben dimanche soir

Hier, je découvrais le mot de François Rouillay et son souhait de « rejoindre ces courants d’actions de la transition citoyenne des territoires pour ce changement de paradigme sur la planète. »

Parallèlement, je pense aux nombreuses initiatives en cours, qu’elles aient vu le jour avant ou après le 11 janvier… Et je me dis qu’il y a vraiment dans l’air une envie de changement très, très forte.

Peut-être un besoin également de se ré-approprier pierre après pierre la construction de nos sociétés.

J’espère que nous aurons la sagesse, les un-e-s et les autres, d’interconnecter toutes ces initiatives et de ne pas nous croire les uniques porteurs d’une vérité absolue.

N’oublions pas : nous ne changerons rien durablement si nous ne changeons également notre relation à nous-même et à nos proches.

Ils ne sont pas morts pour rien.

En ce soir du 7 janvier 2015, envie impérieuse de ne pas taire les mots.

Beaucoup d’entre nous signent « Je suis Charlie ».

Je ne sais pas si je suis Charlie, c’est un magazine que je n’ai jamais lu en entier, juste feuilleté de temps à autre.

Mais pour un soir, oui, allons-y, soyons fous, soyons Charlie.

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Aujourd’hui vers 11h30, 8 personnes sont mortes pour leurs idées. Mortes d’avoir écrit, dessiné et transmis des idées. Deux autres personnes sont mortes car leur devoir était de les protéger et 2 personnes sont mortes simplement parce qu’elles étaient présentes au mauvais moment, au mauvais endroit.

Aujourd’hui à partir de 18h, des dizaines (des centaines ?) de milliers de personnes se sont réunies en France, mais également un peu partout dans le monde pour dire « Nous n’avons pas peur, nous sommes tous des Charlie ».

Ces terroristes pensaient foutre le bordel, créer du chaos. C’est raté.
Nous avons été plus forts qu’eux.
Nous avons montré à quel point ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise.

Oui, nous avons mal, oui nous sommes tristes et pensons aux familles endeuillées.
Mais pouvions-nous imaginer plus bel hommage ?

Bien entendu, il y aura des tentatives de récupérations, oui, il faudra rester vigilant et comme l’écrit Cyril Dion« nous dresser chaque jour pour refuser les logiques qui ont conduit dans le passé, aujourd’hui et conduiront dans le futur à des drames similaires ».
Mais en attendant, savourons ce moment.

Demain, après-demain, nous reprendrons nos plumes et nos stylos.

Certes, Charb, Cabu, Tignous et Wolinski ne croqueront plus l’actualité, Bernard Maris ne sera plus là pour nous apporter un regard pointu et décalé sur l’économie, mais nous continuerons à croiser leurs dessins à propager leurs idées. L’irrévérence et l’esprit critique est une part intime de notre culture et de nouveaux talents viendront remplacer ces virtuoses du poil à gratter.

Nous ne sommes pas prêts d’oublier ce 7 janvier 2015. Prouvons par nos actes qu’ils ne sont pas morts pour rien.