Quelques pistes pour sortir de la dépendance aux GAFAM…

Lorsqu’en juillet 2014 je commençais à sortir de la nébuleuse des GAFAM, je ne pensais pas que cela me demanderait autant de temps et d’énergie.

Pas loin de 4 ans plus tard, voici où j’en suis. Vous trouverez à suivre les liens vers les outils ou les explications complémentaires qui m’ont aidé.

Sans doute existe-t-il un lien entre éditer des livres où le lecteur est invité à se poser des questions, à regarder les choses sous un autre angle, et cette démarche…

Petit préambule

Je ne suis pas un développeur, ni un geek de haut vol. Juste un utilisateur curieux.
J’aime l’innovation et j’ai été un grand fan des projets menés par Bill Gates, Steve Jobs, Larry Page et Sergueï Brin mais j’ai toujours eu du mal avec les positions hégémoniques. A titre personnel, j’aime repérer les moments où je m’enferme dans un circuit d’habitudes pour le casser et remettre de la conscience dans mes actes. L’habitude nous joue des tours écrivait le regretté Jean-Pierre Kernoa.

Rechercher des solutions pour sortir des GAFAM est donc en ce qui me concerne une démarche plutôt naturelle et que je réussis à transformer en jeu sans trop d’effort.

Si je peux avoir un côté aventurier, je ne suis pas pour autant prêt à couper tous les ponts : les solutions que j’ai retenues jusqu’à présent me permettent de continuer à échanger avec des personnes 100% GAFAM.

Réseaux sociaux

J’ai opté pour Mastodon et Diaspora* avec les instances proposées par Framasoft (Framapiaf et Framasphere).
Petite explication : il existe une multitude de réseaux sociaux mais une grande partie d’entre eux sont privés et ce qui est fait de nos données, de nos échanges n’est pas toujours très clair. Mastodon et D* ont en commun d’être des réseaux sociaux décentralisés (toute personne physique ou morale peut installer une instance sur un serveur) et dont le code source est libre.
D* permet par ailleurs de publier automatiquement, et quand on le souhaite, vers des réseaux tels que Facebook et Twitter (ainsi, vous pouvez continuer à me lire sur ces réseaux).
Pour me suivre : sur Diaspora* – sur Mastodon

Email

Sortir de Gmail a presque été le plus simple. J’ai opté pour un hébergement de mes données chez OVH (mais j’aurais pu choisir un autre hébergeur dont les serveurs sont situés en France). Ensuite, j’accède à mes emails depuis Thunderbird ou le lecteur d’emails de mon téléphone Android. Lorsque je dois absolument accéder à mes courriers alors que je n’ai ni l’un de mes ordinateurs ni mon téléphone, j’utilise l’interface Roundcube.
L’inconvénient majeur : la recherche dans Gmail est tellement puissante que je ne classais plus rien. Avec Thunderbird ou Roundcube, la recherche est souvent plus lente et les résultats quelque fois moins pertinents.

Agenda et carnet d’adresses

S’il y a bien une chose pratique dans les univers de Microsoft, Apple et Google c’est la synchronisation des informations liées à notre carnet d’adresses et à notre agenda.
J’aurais pu opter pour les solutions proposées par Owncloud (Framasoft propose Framadrive qui intègre ces services). Mais comme j’aime bien ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier j’ai préféré Baikalvoir ce tuto.
Baïkal me permet d’héberger l’ensemble de mes contacts et de mes agendas.
Sur les ordinateurs j’y accède depuis Thunderbird (auquel j’ai ajouté Lightning pour l’agenda et Cardbook pour le carnet d’adresse). Sur le téléphone j’utilise DAVdroid, mais je vais revenir sur le sujet.

Téléphone portable

Mon ordi de bureau étant un Mac j’avais opté il y a quelques années pour un iPhone mais je regardais avec intérêt et envie celles et ceux qui me parlaient de leur Fairphone, un téléphone conçu pour durer. En avril 2017, un ami m’a parlé de Commown, un projet de coopérative proposant de mutualiser les achats et la maintenance de matériel électronique en les louant aux coopérateurs. J’ai donc opté pour un Fairphone2 en location chez Commown.

Passer d’iOS à Android n’a pas été compliqué. Par contre, alors même que j’étais en train de me débarrasser de Google, je me retrouvais pisté dans mes déplacements et l’utilisation de mes applis !

Heureusement, Fairphone propose l’installation d’une version d’Android sans la couche Google : Fairphone Open (comme vous pouvez le lire ici, j’ai un peu hésité avec LineageOS).

Opter pour Android sans Google, c’est découvrir qu’il y a d’autres moyens que GooglePlay pour installer une application, merci F-Droid ! et si vraiment, il y a des apps propriétaires qui vous font défaut, Yalp est une bonne roue de secours.

Sans Google, ce sont aussi les services de localisations qui peuvent manquer. Actuellement, sur les bons conseils d’Eudes Thouand, j’utilise OSMand qui me convient parfaitement.

Pour synchroniser mes contacts et mes calendriers, j’utilise DAVdroid : cet outil permet de se connecter à des agendas distants au format iCal et des carnets d’adresses au format vCard. Le plus compliqué a été de trouver la solution pour accéder à des calendriers Google (oui, j’ai des ami.e.s qui utilisent Google Calendar, et ces personnes restent mes ami.e.s !), Il m’a fallu pour cela créer un mot de passe d’application chez Google puis suivre la méthode proposée ici.

Messagerie instantanée

Avec mon vieil iPhone, les applications telles que Facebook Mesenger ou WhatsApp ne pouvaient pas s’installer, j’avais donc un excellent alibi pour ne pas les utiliser. Le problème de ces messageries – outre le fait d’appartenir à Facebook – est de ne pas pouvoir joindre une personne qui ne les utilise pas. Encore une fois, utilisateur se retrouve enfermé dans un standard privé, pour le bénéfice du fournisseur de service, alors qu’il existe de nombreux standards ouverts et interopérables.

Et là, je croise le projet Delta Chat : une messagerie qui utilise les serveurs d’emails pour faire circuler l’information. En clair : toute personne qui dispose d’une adresse email peut être jointe et il n’existe aucun serveur qui centralise l’ensemble des échanges.

L’application n’est pas à ce jour disponible sur iOS mais j’invite toutes celles et ceux qui disposent d’un téléphone Android à l’installer.

Groupes de discussion

Il est assez tentant d’utiliser les groupes Facebook pour échanger entre passionnés ou adhérents d’une association.
Lors de la campagne Dégooglisons Internet, l’équipe de Framasoft m’a permis de faire la connaissance de Mattermost à travers leur instance Framateam. L’outil est simple de prise en main et s’utilise aussi bien sur ordinateur, tablette ou smartphone.

Ce qu’il me reste à faire…

Le projet avance mais ma déGAFAMisation n’est pas terminée pour autant, notamment sur le plan professionnel.

Chez Pourpenser, toutes nos maquettes sont pour l’instant réalisées sur Mac avec la suite Adode alors que nous pourrions tout à fait utiliser des ordinateurs sous Linux et soutenir des initiatives telles que GIMP, Inkscape et Scribus. Mais pas facile de changer après plus de 15 ans d’habitudes bien ancrées. Par ailleurs, nous recevons régulièrement des fichiers Indesign ou Photoshop de la part de nos auteur·e·s. Comment les intégrer si nous n’utilisons plus ces logiciels ?

Côté gestion le projet est en cours : nous sommes en train d’étudier la mise en place d’une infrastructure basée sur Odoo, (connu jusqu’en 2014 sous le nom d’Open ERP).

Sur un plan familial, j’ai la chance d’avoir des ados qui ne prennent pas tout cru ce qui leur tombe dans le bec. Même s’ils se moquent gentiment de mes geekeries, je vois à travers les questions posées que la graine est semée. Et puis, mine de rien, l’un des logiciels préférés du fiston de 15 ans est Blender, la référence du libre en modélisation 3D.